Mme Mihambo, vous avez dit par le passé que votre potentiel est loin d'être épuisé. En tant qu'athlète de haut niveau, comment parvenez-vous à vous améliorer en permanence ? 

J'ai des objectifs clairement définis lorsque je m'entraîne : augmenter ma vitesse, améliorer ma force et affiner ma technique. Mais je ne me fixe pas d'objectifs spécifiques en termes de performances. Je préfère me surprendre moi-même. Si vous vous imposez des limites de cette manière, vous aurez plus tard du mal à vous en défaire et à les dépasser.

Votre fondation Malaikas Herzsprung (Le sursaut de Malaika) a un objectif précis : éliminer les obstacles financiers au développement social et sportif des enfants en écoles primaires. Qu'est-ce qui vous a poussé à créer cette fondation?

Après avoir gagné les Championnats du monde d'athlétisme 2019 de l'IAAF, j'ai commencé à travailler avec des enfants en donnant des cours de sport ludiques dans mon ancienne école primaire. Puis, pendant la pandémie de coronavirus, j'ai créé un projet en ligne de séances d'entraînement vidéo. Cela a ouvert des opportunités à de nombreux enfants et leur a offert de nouvelles perspectives au cœur de la crise.

Pourquoi cela vous tient-il particulièrement à cœur ?

J'adore les enfants. Ils sont si positifs et curieux du monde qui les entoure... Vous pouvez apprendre tant de choses sur vous-même et sur le monde au contact des enfants. C'est ce qui rend ce travail si passionnant. Je serai satisfaite de ma fondation lorsque davantage d'enfants pourront profiter de ce qu'elle offre. Le sport ne développe pas seulement des capacités motrices, il vous apprend aussi beaucoup de choses sur vous-même, notamment à vous fixer des objectifs, à maintenir la discipline et la concentration, ainsi qu'à interagir avec les autres.

Comment le sport a-t-il façonné votre personnalité ?

Le sport est un incroyable terrain de jeux pour l'exploration et le développement personnel à tous les niveaux, car il fournit de nombreuses réponses sur qui vous êtes et qui vous voulez être. Ainsi, j'ai découvert que je suis une personne plutôt ambitieuse. Ce que j'entends par ambition, c'est le fait de toujours faire de mon mieux, de chercher continuellement à m'améliorer et à aller de l'avant. En d'autres termes, mon ambition ne peut avoir d'impact que si elle vient de moi. Et je suis tout aussi heureuse pour les autres lorsqu'ils réussissent.

Vous êtes un modèle pour les jeunes filles en particulier. Quel conseil aimeriez-vous leur donner ?

Quel que soit votre âge, je pense qu'il est important de prendre conscience de votre vraie nature, d'apprendre à vous connaître et à vous apprécier. Une fois que nous apprenons à nous accepter tels que nous sommes et que nous réfléchissons à ce que nous voulons dans la vie, nous pouvons tracer notre voie personnelle. Ainsi, nous pouvons réaliser des choses plus grandes que nous n'aurions jamais pu imaginer.

Outre vos exploits en saut en longueur, vous faites également parler de vous dans le domaine du sprint, vous jouez au piano et vous suivez actuellement des études pour obtenir un Master. D'où vous vient cette motivation pour relever constamment de nouveaux défis ?

Essayer de nouvelles choses me permet d'entamer un nouveau processus de découverte de moi-même et d'élargir mon identité. Cela signifie que je peux repousser mes anciennes limites et atteindre de nouveaux horizons.

Comme vous étudiez les sciences de l'environnement, vous êtes déjà très proche des idées avant-gardistes et de la durabilité. Vous avez également soutenu Audi lors de la présentation de l'Audi Q4 Sportback e-tron 100% électrique. Quels changements de paradigme souhaiteriez-vous voir dans la société ?

J'aimerais nous voir avancer vers une nouvelle façon de coexister dans la société. Selon moi, il ne s'agit pas seulement de vivre de façon pacifique, durable et consciente de notre impact sur l'avenir. Il faut aussi nous serrer les coudes et prendre les choses en main. Ma vision est celle d'une société qui donne la priorité aux personnes et à la condition humaine.

Comment agissez-vous au quotidien pour la protection de l'environnement et la durabilité ?

J'essaie de faire attention aux petites choses de la vie quotidienne, comme me déplacer à vélo chaque fois que c'est possible ou ne pas acheter d'eau dans des bouteilles en plastique. De plus, j'adopte un régime végétarien ou végan, j'achète des produits régionaux et biologiques et j'essaie d'éviter les voyages en avion, par exemple pour me rendre dans les centres d'entraînement. J'utilise également un fournisseur d'électricité verte et je veille à consommer l'eau, et les autres ressources naturelles, avec parcimonie.

En parlant de façonner activement son avenir : vous avez dit un jour que pour devenir une championne du monde, il faut déjà se visualiser comme telle. Vous êtes-vous également visualisée comme vainqueur avant Tokyo ? Quel a été le secret de votre réussite ? 

Avant Tokyo, je n'avais pas pensé à l'or depuis bien longtemps. Je ne partais pas comme favorite de la discipline en raison de difficultés que je rencontrais dans la prise d'élan avant les sauts. Ce n'est qu'à partir de juin, puis lors de la compétition à Tokyo, que j'ai retrouvé ma confiance en moi et la conviction que j'étais capable de remporter la médaille d'or en finale.