Lorsqu'Henrik Wenders, directeur de la marque Audi, sort de son Audi e-tron GT, il arbore un sourire satisfait. « Lorsque je me déplace dans ce véhicule, je suis toujours détendu et de bonne humeur », déclare-t-il. Il suffit de regarder les données de performance du modèle Gran Turismo entièrement électrique, sans oublier son design. « Cette dynamique, cette esthétique, puis cette paix et cette souveraineté », dit-il avec enthousiasme. « Pour moi, c'est le véhicule électrique idéal. » Henrik Wenders connaît l'Audi e-tron GT sous toutes ses coutures et a été l'une des rares personnes à l'avoir expérimenté dans la vie quotidienne avant même sa commercialisation. En outre, il vit au rythme de la mobilité électrique depuis une décennie. Un sujet qu'il abordera au salon IAA Mobility de Munich, où il présentera les opportunités et les défis d'une mobilité électrique qui entre dans une nouvelle phase chez Audi. Ce qui nous amène à notre sujet du jour…

Henrik, vous ne conduisez que des véhicules électriques depuis plus d'une décennie. Y a-t-il eu une sorte de déclencheur, un moment clé qui vous a amené à le faire ?
Ce choix était surtout motivé par ma fascination pour la technologie. J'ai toujours été captivé par la manière dont on allait pouvoir améliorer la qualité de vie et créer de la valeur ajoutée grâce à la technologie. En outre, il y a dix ans déjà, on savait que l'utilisation de moteurs électriques permettait de réduire les émissions locales de CO ₂. Il était clair pour moi que l'on devait repenser la mobilité individuelle, et je pense faire partie de ces personnes qui se sentent à l'aise avec le fait de repenser les choses.

La mobilité électrique est-elle donc une réalité vers laquelle il faut s'engager et qu'il faut considérer de manière holistique ?
Je ne peux que le recommander. Pouvoir se déplacer au quotidien sans émissions de CO ₂ n'est qu'une partie des avantages. Lorsque vous avez la possibilité de charger de l'électricité verte, la mobilité électrique semble être une évidence, en tout cas pour ma part. Quand j'ai sauté le pas il y a dix ans, il était donc important pour moi de pouvoir produire ma propre énergie verte via une installation photovoltaïque. Je continue de le faire aujourd'hui et je trouve cela incroyable. Outre les nombreux aspects techniques, il est aussi important de communiquer sur ce sentiment de participer à quelque chose de positif.

Comment la mobilité électrique a-t-elle changé depuis cette époque ?
Il est évident que nous avons rencontré à l'époque des obstacles qui ne se présentent plus sous la forme actuelle. Les infrastructures de recharge étaient nettement moins évoluées, l'autonomie et les performances de charge des véhicules posaient encore problème. C'est précisément en hiver, lorsqu'il fallait choisir d'utiliser l'énergie pour la voiture ou le chauffage, que ma détermination a été mise à l'épreuve une fois de plus. Il ne faut pas oublier que les premiers bateaux à vapeur ne pouvaient pas transporter de passagers, car ils étaient remplis de combustible pour alimenter les machines. Chaque technologie vit des phases suivant une courbe en forme de S. Au début, lors de la phase de création, cette courbe est d'abord très plate.

Pourquoi la marque Audi stimule-t-elle le changement avec autant d'énergie ?
Après l'ère de l'industrialisation, nous arrivons maintenant à l'ère de la décarbonation. Et la décarbonisation est une tâche de la plus grande importance pour la société. Chez Audi, nous prenons ainsi nos responsabilités tout au long de la chaîne de valeur de nos produits. Comme je l'ai dit, nous nous trouvons actuellement dans une décennie de transformation. Nous passons de l'échelle locale à l'échelle mondiale, de l'approche hors ligne à l'approche en ligne et de la mobilité alimentée par le moteur à combustion interne à la mobilité qui devient de plus en plus intelligente, et qui est naturellement électrique. Au cours de la première moitié de cette décennie, nous devons donner aux gens le goût de la mobilité électrique et lever les doutes qui subsistent.

De votre point de vue, où en sommes-nous aujourd'hui ?
Beaucoup de choses ont été réalisées. Par exemple, nos clients ont actuellement accès à plus d'un demi-million de points de recharge dans 27 pays européens, par le seul biais du service de recharge Audi. L'Audi e-tron GT offre, en fonction du style de conduite, une autonomie de 400 à 500 kilomètres et charge jusqu'à 270 kW sur des bornes de recharge haute puissance. Ce sont des arguments qui nous permettent de convaincre les gens au sujet de la mobilité électrique. Pour moi, elle représente une véritable situation gagnant-gagnant.

Comment cela se traduit-il ?
La mobilité a toujours été liée aux expériences, notamment celles vécues sur la route. La mobilité électrique est une grande opportunité pour nous tous de préserver ce niveau d'expérience, voire de l'emmener encore plus loin grâce à la numérisation. Dans le même temps, une action cohérente et durable tout au long de la chaîne de valeur lui permet d'apporter une contribution significative à la décarbonisation. C'est ce que nous faisons non seulement pour nos clients, mais aussi dans un souci de responsabilité vis-à-vis de la société. Une entreprise qui refuse d'opter pour la durabilité ne sera pas viable à long terme.

Dans quelle mesure la prochaine ère de la mobilité électrique commence-t-elle pour Audi ?
Audi a pris une position très claire, ce que je trouve formidable : à partir de 2026, nous ne lancerons plus que des véhicules entièrement électriques et nous aurons déjà dix modèles e-tron dans notre gamme. Nous allons bientôt construire des modèles sur une toute nouvelle plateforme technique, la plateforme électrique premium (PPE). En termes d'autonomie, de performances électriques et d'expérience intérieure, nous passons déjà à une nouvelle génération de véhicules électriques Audi.

Henrik Wenders profite également de cet entretien pour recharger son Audi e-tron GT. « Sur une borne de recharge rapide comme celle-ci, je peux récupérer 200 kilomètres d'autonomie avec 270 kW de puissance de charge en environ dix minutes », estime-t-il. La recharge est devenue plus confortable, plus simple. Et très bientôt, l'IAA présentera Audi charge and explore, un nouveau service dans l'écosystème numérique de recharge : à l'avenir, il sera possible de planifier son itinéraire autour d'expériences dans l'application myAudi et le service proposera des points de recharge adaptés à proximité. « Ces dernières années, le temps passé à la borne de recharge était considéré comme du temps perdu. Avec ce nouveau service, je voudrais que ce temps soit considéré comme du temps de qualité dont on peut profiter ». La numérisation est la clé d'une mobilité axée sur l'expérience. En matière de numérisation, on pense d'ailleurs très vite à la Chine…

Vous avez vécu à Shanghai et vous vous rendez régulièrement en Chine. Que pensez-vous de la mobilité locale ?
J'observe continuellement le grand enthousiasme que nos produits suscitent, notamment l'Audi e-tron GT, qui vient d'y être commercialisée. Mais je dirais que si vous voulez faire un voyage dans le futur de la mobilité, vous devez vous rendre à Shanghai. Encore tout récemment, j'ai circulé dans la ville en pleine heure de pointe à bord d'un véhicule automatisé conduit par un chauffeur. Ce dernier n'a utilisé que deux doigts sur le capteur du volant. J'ai été vraiment impressionné. Si l'on veut apprendre à connaître le monde des ICV de demain, il faut donc se rendre en Chine.

Que signifie l'abréviation ICV ?
Les ICV sont les véhicules intelligents et connectés. Ils sont très numérisés et automatisés, et prendront le relais des véhicules électriques (EV) au cours de la seconde moitié de la décennie de transformation. Nous devons dès maintenant définir ce que représentent les véhicules à nos yeux. Nous avons d'ailleurs donné un aperçu de ce point au cours de ces derniers mois avec les concept cars Sphere. Ils ont été créés comme une véritable coentreprise entre la marque et le design. Les possibilités offertes par les ICV exigent formellement que ces deux domaines soient pleinement liés à l'avenir. Nous allons de plus en plus penser et agir en nous concentrant sur l'utilisateur. La question qui se pose est la suivante : quelles expériences nos clients veulent-ils vivre quand ils sont dans nos véhicules ? C'est à la marque de parvenir à répondre à cette question, et c'est exactement ce sur quoi nous travaillons.

Lorsque vous vous projetez dans dix ans, que voyez-vous ?
Je vois des villes sans bruit de circulation et je nous vois rire à propos des inquiétudes passées concernant l'autonomie des véhicules électriques ou les possibilités de recharge réduites. C'est comme le regard que nous avons aujourd'hui sur les premiers téléphones mobiles et les réseaux 2G, qui étaient plus des zones blanches que des réseaux. L'automatisation et la numérisation croissantes de notre mobilité vont favoriser la libéralisation et la démocratisation de nos sociétés, c'est-à-dire l'indépendance croissante vis-à-vis de l'espace et du temps. Cette idée me rend tellement optimiste. Et c'est exactement pour cela que nous avons appelé notre message « Future is an attitude ». Il s'agit d'une invitation à regarder l'avenir de la mobilité avec optimisme et désir. Dans un futur à la fois proche et éloigné. À l'ère d'aujourd'hui comme à l'ère de demain. Je ne peux imaginer de défi plus passionnant que celui de façonner cet avenir.